Sexisme en entreprise : plus de 9 femmes sur 10 en ont été victimes
En entreprise, les femmes sont encore et toujours victimes d’un sexisme omniprésent.

Le collectif #StOpE, avec le soutien de l’Ifop, a rendu publics les résultats de son baromètre 2025 ce mardi 6 mai. Avec plus de 131.000 réponses issues d’une vingtaine de grandes entreprises et un sondage national parallèle auprès de 5.000 salariés, cette étude constitue aujourd’hui la photographie la plus complète du sexisme ordinaire au travail en France. Et ce qu’elle montre ne prête pas à discussion : le monde professionnel continue de maltraiter les femmes.
Un sexisme omniprésent qui touche toutes les femmes en entreprise
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’intensité du phénomène. 93 % des femmes déclarent avoir déjà été confrontées à une forme de sexisme au travail. Pas une sur deux. Presque toutes. Plus d’une femme sur cinq (21 %) a subi un comportement sexiste à caractère sexuel sur les douze derniers mois.
Le management ? Il brille par son silence. Seuls 28 % des salarié·es pensent que leur entreprise considère la lutte contre le sexisme comme une priorité. Autrement dit, pour la majorité des répondants, l’entreprise détourne les yeux. Et ce n’est pas faute d’être informée : 87 % des salariés affirment que ces comportements ont un impact sur le bien-être au travail, et 53 % jugent qu’ils sont banalisés.
Dans ces conditions, comment s’étonner que les femmes se censurent ? Qu’elles évitent de parler, de signaler, de s’exposer ? L’étude le confirme : près de 60 % d’entre elles adaptent leur comportement ou leur apparence pour ne pas attirer les remarques sexistes. Parce que parler, c’est risquer d’être étiquetée, marginalisée, isolée. Et parce que dénoncer, c’est souvent affronter le vide.
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Les employés ne sont pas assez sensibilisés et formés
La question de la prévention est centrale. Or, seulement 30 % des salarié·es disent avoir été formés ou sensibilisés au sexisme au travail. Chez les hommes, ce taux chute à 21 %. Et pourtant, il s’agit du levier le plus efficace pour faire reculer les comportements sexistes : former, faire comprendre, obliger à se remettre en question.
Le baromètre montre une autre faiblesse structurelle : la méconnaissance des obligations légales. La loi du 5 septembre 2018 a renforcé le cadre juridique contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes. Mais moins d’un salarié sur deux sait si ces règles sont inscrites dans le règlement intérieur de son entreprise. La désignation d’un référent harcèlement est encore loin d’être systématique.
Autre angle d’analyse : la perception différenciée du sexisme selon le genre. 80 % des femmes considèrent que les inégalités professionnelles restent très marquées, contre 61 % des hommes. Et sur la question de la carrière, 83 % des femmes estiment qu’il est plus facile pour un homme de progresser, contre seulement 60 % des hommes qui reconnaissent ce privilège.
Au travail, les femmes s’auto-censurent
L’étude apporte des éléments poignants sur les efforts invisibles que les femmes doivent produire au quotidien. Six femmes sur dix déclarent devoir adapter leur tenue vestimentaire pour éviter d’être sexualisées, ou écartées. Près de 70 % expliquent qu’elles doivent en faire plus que leurs collègues hommes pour être reconnues ou promues. Et une femme sur deux a déjà entendu des propos remettant en cause sa capacité à manager, simplement parce qu’elle est une femme.
La maternité, quant à elle, continue de jouer un rôle discriminant majeur : 72 % des répondantes considèrent qu’être mère constitue un frein à la carrière, contre 12 % lorsqu’il s’agit de la paternité. Le message est clair : pour les femmes, la parentalité est suspecte ; pour les hommes, elle est valorisée.
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