Le bois exotique dans nos jardins : une erreur écologique persistante
On le croit noble, résistant, presque intouchable. Pourtant, derrière l’apparente élégance des bois exotiques, se cache une mécanique infernale que la planète ne tolère plus. Les alternatives, elles, sont là. Et elles frappent fort.

Le 12 mars 2025, Le Mag de la Conso publiait une enquête accablante sur l’impact des bois exotiques utilisés dans le mobilier, les terrasses ou encore les salles de bain. L’article lève le voile sur un paradoxe : pourquoi persistons-nous à importer du teck ou de l’ipé quand des alternatives durables sont disponibles et souvent locales ? Derrière le mot-clé « bois exotique », c’est tout un modèle à bout de souffle qui vacille.
Bois exotique : une addiction bien huilée mais ravageuse
Dans notre quotidien, le bois exotique est synonyme de robustesse et d’esthétique : on le retrouve dans les jardins, les bords de piscine, les salles d’eau. Ce n’est pas un hasard si l’ipé, le cumaru ou le teck font partie des essences les plus prisées du marché. Résistants à l’humidité, durables sans traitement, ces bois tropicaux sont pourtant une aberration écologique.
L’extraction massive de ces essences dans les forêts primaires d’Amérique du Sud ou d’Asie du Sud-Est alimente une déforestation galopante. Selon Neowood, ce sont entre 13 et 15 millions d’hectares de forêt qui disparaissent chaque année. La biodiversité y est décimée, les sols sont épuisés, et le climat s’emballe.
Pire encore : 40 % du bois exotique importé en France proviendrait de coupes illégales, selon les mêmes données. Travail forcé, non-respect des peuples autochtones, violations environnementales… Tout cela pour que notre mobilier ait « l’air plus naturel » ?
Alternatives locales : le bon sens oublié
D’autres bois existent autour de nous
Le paradoxe saute aux yeux. La France est le deuxième producteur mondial de chêne. Pourquoi aller chercher des bois à l’autre bout du globe quand le chêne, le mélèze ou même le pin autoclave peuvent faire le travail, avec une empreinte carbone ridicule en comparaison ? Le mélèze, naturellement imputrescible, convient parfaitement pour les terrasses ou les bardages. Le pin traité autoclave devient aussi une solution accessible, économique et plus durable qu’on ne le croit. Tous ces bois répondent à la norme PEFC ou FSC, des certifications censées garantir une gestion forestière responsable – même si certaines ONG les jugent encore trop permissives.
Le bambou séduit également. Il pousse vite – jusqu’à un mètre par jour -, résiste à l’humidité et présente une esthétique raffinée. Non, ce n’est pas un bois, mais une graminée. Et c’est tout l’intérêt : cultivable en Europe, il peut offrir une alternative renouvelable et polyvalente. Mobilier de jardin, accessoires de salle de bain, revêtements muraux… Il coche toutes les cases. Mais prudence : beaucoup de bambous vendus sont importés d’Asie, avec un bilan carbone souvent désastreux.
Les composites, les pierres, la céramique, les matériaux recyclés comme autres alternatives
Longtemps boudés, les bois composites font un retour en force. Le site Neowood vante un matériau « composé à 95 % de matériaux recyclés » : 55 % de fibres de bois (notamment d’eucalyptus) et 45 % de plastiques post-consommation. Ce mélange, sans coupe d’arbre, transforme les déchets en lames de terrasse ou de clôture garanties jusqu’à 25 ans. Et ce n’est pas tout : « 1 m² de terrasse composite UltraProtect représente 200 bouteilles recyclées », affirme l’entreprise. Résistants aux UV, imputrescibles, ne nécessitant aucun traitement chimique, ces produits offrent une double promesse : durabilité et sobriété.
Pourquoi continuer à s’obstiner sur le bois ? Le granit, le basalte ou l’ardoise sont tout aussi durables, et plus résistants encore. La céramique, en version imitation bois, s’adapte parfaitement à l’humidité. Et que dire du bois de récupération, des palettes réemployées, du plastique recyclé transformé en mobilier ? L’upcycling devient un geste citoyen, une manière de décorer sans détruire. Il ne manque que la volonté.
L’avenir est dans l’innovation… et dans les champignons
Enfin, il serait dommage d’ignorer les pistes les plus audacieuses : le liège, naturellement isolant, ou encore le mycélium, ce réseau végétal à base de champignons, qui permet de fabriquer du mobilier compostable. Même les algues, séchées puis transformées en panneaux, entrent dans la danse.
Ces matériaux expérimentaux, encore coûteux, illustrent néanmoins une rupture de paradigme : celle qui consiste à remplacer la rareté par l’ingéniosité.
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