Insecticides et santé : les pyréthrinoïdes dans le collimateur de l’Anses
Ils sont partout : dans les sprays antimoustiques, les shampoings antipoux, les traitements agricoles. Mais leur omniprésence est-elle sans danger ?

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) vient de publier une analyse alarmante sur les pyréthrinoïdes, des insecticides présents dans de nombreux produits du quotidien. S’appuyant sur des recherches scientifiques récentes, l’Anses tire la sonnette d’alarme : ces substances ne seraient pas sans risque pour la santé.
Pyréthrinoïdes : omniprésents, mais vraiment inoffensifs ?
Derrière ce nom compliqué se cache une réalité bien connue : les pyréthrinoïdes sont utilisés dans les sprays antimoustiques, les produits antipoux ou encore dans certains traitements agricoles. En clair, difficile d’y échapper. Mais à force d’en retrouver partout, on s’est peut-être un peu trop habitués à leur présence.
Et pourtant, les signaux sont là. Selon l’analyse menée par l’Anses à partir de l’expertise de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), plusieurs effets inquiétants apparaissent. Chez les enfants exposés pendant la grossesse, des troubles du comportement ont été observés. Chez les adultes, certains indices pointent vers des effets sur la fertilité. Pire : une molécule de cette famille, la deltaméthrine, pourrait même augmenter le risque de certains cancers du sang chez les travailleurs régulièrement exposés.
Des enfants plus exposés que les adultes
Une étude menée par Santé publique France, baptisée Esteban, a révélé que les enfants sont plus imprégnés par ces substances que les adultes. Pourquoi ? Parce qu’ils rampent, touchent, mettent à la bouche. Leur environnement proche devient un véritable réservoir d’insecticides invisibles.
Et l’origine de cette exposition ne se limite pas aux champs agricoles. Ces produits se trouvent aussi dans nos logements, nos meubles, certains vêtements traités, sans parler des produits pour animaux ou des traitements de jardin.
L’Anses recommande de faire le tri, et vite
Le message des experts est clair : il faut repérer les principales sources d’exposition pour pouvoir les limiter. L’Anses appelle à ne pas attendre une catastrophe sanitaire pour réagir. Selon elle, il est indispensable de revoir les autorisations accordées à ces insecticides à la lumière des connaissances actuelles. Une substance peut être autorisée aujourd’hui, mais être considérée comme dangereuse demain à la lumière de nouvelles études.
Le problème, c’est aussi l’accès aux données : on ne sait pas toujours précisément quand, comment et à quelles doses ces produits ont été utilisés dans le passé. Une opacité qui freine les mesures de prévention.
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Des règles à revoir pour éviter les erreurs du passé
L’Anses insiste aussi sur une chose : tous les produits chimiques devraient être réévalués régulièrement, surtout ceux qui sont encore très utilisés. L’agence pousse pour que toutes les nouvelles études scientifiques soient prises en compte dans les décisions d’autorisation. Parce qu’un produit autorisé il y a dix ans pourrait ne plus avoir sa place aujourd’hui.
Et cette fois, pas de demi-mesure : selon l’agence, il faut réduire l’usage de ces insecticides au strict minimum, que ce soit à la maison, à la ferme ou dans les hôpitaux vétérinaires. Car les effets sur la santé ne font plus de doute. Et plus on les utilise, plus le risque grandit.
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