Plages contaminées : un quart des sites français sont à éviter
Le nouveau classement 2025 des plages françaises publié par l’association Eau et Rivières de Bretagne révèle une dégradation significative de la qualité des eaux de baignade. Près d’un quart des plages sont désormais considérées à risque, conséquence directe de pollutions agricoles et de défaillances d’assainissement.

Basée sur quatre années de données, la méthode alternative d’évaluation s’oppose au référentiel européen en vigueur. L’association dénonce une gestion opaque des informations sanitaires, soulignant l’inaction des autorités et l’insuffisance des fermetures de sites contaminés, notamment en Bretagne et sur le littoral nord.
Un quart des plages françaises sont « déconseillées » ou « à éviter »
La publication du dernier classement des plages par l’association Eau et Rivières de Bretagne a semé une onde de choc dans plusieurs communes littorales. Derrière des chiffres sans appel — 364 plages « déconseillées » et 83 « à éviter », soit près de 25 % des 1 854 sites analysés — se cachent des réalités bien moins reluisantes que les images de carte postale vendues aux touristes. Le constat est d’autant plus inquiétant que ces résultats marquent une nette régression par rapport à l’année précédente : 38 plages supplémentaires ont basculé dans la catégorie rouge. En cause, un été 2024 particulièrement pluvieux qui a saturé les stations d’épuration et entraîné des ruissellements agricoles massifs, notamment dans les régions d’élevage intensif comme le nord Finistère ou les Alpes-Maritimes.
Face à ce constat, l’initiative « La Belle Plage » entend combler un vide laissé par les autorités publiques. À rebours du classement officiel européen, basé sur des moyennes annuelles peu sensibles aux variations ponctuelles, cette cartographie engagée se fonde sur la part de prélèvements jugés « bons » selon des critères de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), avec des données collectées sur quatre ans. La rigueur méthodologique s’accompagne d’une critique acerbe de l’Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne, accusée d’avoir minimisé ou écarté certaines données sensibles. Dans plusieurs cas, des plages pourtant fermées n’étaient signalées par aucune barrière ni aucun panneau d’alerte, mettant les baigneurs en danger sans qu’ils en soient informés. Une carence qualifiée de « manipulation » par ERB, qui a d’ailleurs obtenu en 2023 une condamnation de l’ARS devant le tribunal administratif.
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Plages impropres à la baignade : certains élus locaux y voient une diffamation
Cette transparence revendiquée par l’association bretonne n’est cependant pas du goût de tous. À Deauville, le maire, Philippe Augier, a dénoncé publiquement le classement dans une lettre adressée à ERB, tandis que dans la Manche, certains élus envisagent carrément des actions en diffamation. Une réaction symptomatique d’un modèle touristique encore trop dépendant du vernis balnéaire, quitte à occulter les réalités sanitaires. Les disparités régionales sont pourtant flagrantes : alors que des sites comme Les Sables-d’Olonne, Sète ou encore Cargèse maintiennent des eaux d’excellente qualité, d’autres subissent une contamination chronique sans remise en question structurelle. Entre inertie politique et imperméabilité institutionnelle, l’opacité règne toujours sur le front de la baignade.
À rebours des classements étatiques qui classent la majorité des plages comme « excellentes », l’initiative La Belle Plage assume un rôle d’alerte sanitaire citoyenne. En intégrant des critères plus exigeants et en mettant en lumière les failles des dispositifs de surveillance classiques, elle interroge l’avenir même des usages récréatifs du littoral. Car au-delà des seules bactéries, ce sont les usages des sols, les politiques d’assainissement et l’adaptation au changement climatique qui sont mis en accusation. Et à l’heure où 1 143 779 personnes ont déjà été informées par le biais de cette campagne, la pression monte pour que la carte des plages cesse d’être un outil de marketing estival et devienne enfin un véritable instrument de santé publique.
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