Agence bio : un coup de hache budgétaire en pleine moisson
En pleine semaine de célébration des 40 ans du label Agriculture biologique (AB), le ministère de l’Agriculture a confirmé la suppression de 15 millions d’euros du budget alloué à l’Agence bio. Une décision qui, au-delà de l’effet d’annonce, met en péril les équilibres fragiles d’un secteur agricole déjà secoué par la crise de consommation du bio.

Et pourtant, l’Agence bio, pivot de la structuration, de la promotion et de l’accompagnement de la filière, est tout sauf un luxe dans le paysage agricole français.
L’Agence bio sacrifiée : une logique budgétaire qui défie la raison
Le couperet est tombé : cinq millions d’euros alloués à la communication supprimés, près de dix millions amputés du fonds Avenir bio, un outil destiné à soutenir des projets de développement pour la structuration des filières. À eux seuls, ces chiffres suffisent à illustrer l’ampleur de la coupe, soit une réduction de 64 % du budget global de l’Agence bio.
Dans une tentative de justification, le ministère évoque un « contexte budgétaire compliqué avec le tarissement du plan de relance et de la planification écologique ». Autrement dit, l’écologie passe en dernier. Le gouvernement assure vouloir « prioriser les crédits sur la structuration de la filière en concertation avec les professionnels », tout en désossant les leviers censés précisément structurer cette filière.
Communication réduite au silence : quand « C’est Bio la France » devient orphelin
La campagne de communication nationale « C’est Bio la France », dotée initialement de 15 millions d’euros sur trois ans, n’aura vécu qu’un an. Son budget pour 2025 et 2026 a été évaporé, alors même que le spot publicitaire devait être lancé en grande pompe à l’occasion des 40 ans du label. Selon Le Monde, la première vague télévisée est maintenue grâce aux crédits 2024, mais au-delà de septembre, plus rien.
Comble de l’absurde : ce spot est au centre d’une polémique raciste et idéologique. D’après les informations de Libération, le ministère aurait demandé à remplacer un couscous par un cassoulet, exigeant un « casting causasien ». Pas de démenti, juste une justification : « parler à tous », « représenter tous les Français ». Résultat : non seulement la campagne est édulcorée, mais elle est aussi décapitée financièrement.
Le fonds Avenir bio, qui soutenait jusqu’ici des centaines de projets locaux, passe de 18 millions à 8,6 millions d’euros. Dans un entretien relayé par UFC-Que Choisir, Jean Verdier, le président de l’Agence bio, parle d’une « mise en péril de toute une filière au service de la souveraineté alimentaire française et de la transition écologique ». Quant à la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), elle dénonce une incohérence dramatique : « Les surfaces bio continuent de baisser, les prix payés aux producteurs commencent à peine à remonter, ce n’est vraiment pas le moment de revenir en arrière ». Pourtant, dans un rapport de 2022, la Cour des comptes recommandait de renforcer les moyens de l’Agence bio, rappelant son utilité pour l’environnement et la santé publique. Visiblement, ces recommandations ont été soigneusement ignorées.
Un sabordage politique calculé ?
Le timing est savoureux. Le 22 mai 2025, pendant que les responsables de l’Agence bio étaient auditionnés au Sénat, la filière apprenait que la proposition de loi Duplomb, hostile aux contraintes environnementales, progressait. Cette même loi, dans sa version initiale, proposait carrément de supprimer l’Agence bio. Cette disposition a finalement été écartée… pour cette fois.
Au fond, cette coupe ne tombe pas du ciel. Elle s’inscrit dans une stratégie de recul environnemental et de priorité donnée à l’agriculture conventionnelle. Une approche productiviste qui s’illustre dans chaque décision budgétaire et chaque arbitrage politique.
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