Des centaines d’espèces de champignons menacées d’extinction
La dernière mise à jour de la liste rouge des espèces menacées inclut désormais le statut de 1 300 espèces de champignons.

Dire que l’on sait tout des champignons serait mentir. Mais ce dont on est certain, c’est qu’il s’agit d’un écosystème au sein duquel la diversité est reine. Raison de plus pour s’inquiéter si certaines espèces sont menacées d’extinction.
Sauvegarder le règne des champignons
L’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) a publié dès 1964 un premier inventaire des espèces et de leur état de conservation. Cette première liste rouge ne comportait alors que des oiseaux rares et des mammifères. Il faudra en fait attendre six décennies de plus, en 2024, pour voir le comité français de l’UICN publier un premier inventaire des champignons menacés. Le 27 mars 2025, cet organisme a actualisé sa liste mondiale en y incluant le statut de 1 300 espèces de champignons. Cette Liste rouge comprend désormais 169 420 espèces, dont 47 187 menacées d’extinction.
« L’ajout de 482 espèces de fonges nouvellement évaluées porte leur nombre sur la Liste rouge de l’UICN à 1300 taxons, dont au moins 411 sont menacées d’extinction », précise l’UICN. « Les fonges sont les héros méconnus de la vie sur Terre : ils constituent le fondement même d’écosystèmes sains, mais ils ont longtemps été négligés, explique la Dr Grethel Aguilar, directrice générale de l’UICN. « L’heure est maintenant venue de transformer ces connaissances en action et de sauvegarder l’extraordinaire règne fongique, dont les vastes réseaux souterrains soutiennent la nature et la vie telles que nous les connaissons », a déclaré la Dr Grethel Aguilar, directrice générale de l’UICN.
Un habitat progressivement détruit
En effet, la croissance rapide des zones agricoles et urbaines a entraîné la destruction des habitats des fonges, mettant 279 espèces en danger d’extinction. Les ruissellements d’azote et d’ammoniac issus des engrais et de la pollution des moteurs constituent également une menace pour 91 espèces. Des menaces sont particulièrement importantes en Europe, affectant des espèces traditionnellement bien connues dans les campagnes telles que l’Hygrocybe intermedia, classée comme « Vulnérable ». Par ailleurs, au moins 198 espèces de fonges sont menacées d’extinction en raison de la déforestation pour la production de bois, de l’exploitation forestière illégale et du défrichement pour l’agriculture. La coupe à blanc de forêts anciennes est particulièrement dévastatrice , détruisant les fonges qui n’ont pas le temps de se régénérer dans les cycles de foresterie par rotation
Depuis 1975 , 30 % des vieilles forêts de pins en Finlande, en Suède et en Russie ont été abattues poussant des espèces telles que le tricholome colosse (Tricholoma colossus) vers la catégorie « Vulnérable ». « Bien que les fonges vivent principalement cachés sous terre et à l’intérieur du bois, leur perte a un impact sur la vie au-dessus du sol, tributaire de ceux-ci, a déclaré le professeur Anders Dahlberg, coordinateur de l’autorité de la Liste rouge du Groupe de spécialistes des champignons, polypores et vesses de la CSE-UICN. Lorsque nous perdons des fonges, nous appauvrissons les services écosystémiques et la résilience qu’ils fournissent, d’une résistance à la sécheresse et aux agents pathogènes dans les cultures et les arbres au stockage de carbone dans les sols »
Des menaces urgentes sur les champignons en France
En France hexagonale et en Corse, la liste rouge compte 79 espèces menacées et 39 espèces sous le statut de « quasi menacées ». Parmi les champignons présents en France et considérés comme en danger par la liste rouge des espèces menacées figurent notamment le bolet rubis (Chalciporus rubinus), le lactaire des saules réticulés (Lactarius salicis-reticulatae), le bolet des sables (Gyroporus ammophilus), le bolet de plomb (Imperator torosus), le tricholome brûlant (Tricholoma aestuans) et le bolet rose pastel (Rubroboletus pulchrotinctus).
« Les fonges sont une partie vitale mais souvent invisible de la biodiversité, soutenant les écosystèmes d’une manière que nous commençons à peine à comprendre, rappelle la Dr Anne Bowser, Directrice générale de NatureServe. L’ajout de 1000 espèces fongiques à la Liste rouge de l’UICN souligne leur importance et les menaces urgentes auxquelles elles sont confrontées. Avec de meilleures données, nous pourrons prendre des mesures significatives pour protéger les fonges et assurer ainsi la santé des plantes, des animaux et des écosystèmes qui en dépendent ».
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